Analyse du paysage sociolinguistique urbain de Ziguinchor: métissage, créolité et cosmopolitisme

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Auteurs

  • Eugène Tavares Université Assane Seck de Ziguinchor - Senegal
  • Saloum Ndiaye Université Assane Seck de Ziguinchor - Senegal

Mots-clés :

Ziguinchor, Sociolinguistique, Créolité, Cosmopolitisme, Paysage Urbain

Résumé

Au Sénégal, on dénombre environ dix-neuf groupes ethniques pour une quarantaine de langues réparties sur toute l’étendue du territoire, avec, cependant, des lieux d’implantation majoritaire pour chaque groupe. En Casamance, au sud du Sénégal, plus précisément à Ziguinchor, on retrouve principalement le groupe de langues dit des peuples forestiers. Les données issues du recensement général de la population et de l’habitat de 2013, au Sénégal, renseignent que les principales ethnies sont : les Joolas (57,8%), groupe majoritaire, les Mandinkas (11,10%), les Pulaar (10,5%), les Wolofs (3,9%), les Manjacks (3,5%), les Balantes (2,9%), les Sereers (2,70%) et les Mancagnes (2,4%). Il peut paraître curieux que les Baïnounk ne soient pas cités dans cette liste de « principales ethnies » de Ziguinchor puisque, comme nous le savons, ils ont fondé Ziguinchor. Ceci s’explique par le fait que de très nombreux Baïnounks se disent aujourd’hui Joolas. Un phénomène qui remonte, semble-t-il, à la propagation du mythe de la malédiction baïnounk. Les Baïnounks seraient maudits par leur roi Gana Sira Bana, qu’ils ont assassiné en l’enterrant vif, à la suite d’un piège qu’ils lui ont tendu à Birkama. Le roi, avant de mourir, leur aurait prédit un avenir malheureux et la disparition progressive de l’ethnie. Le mythe veut que celui qui épouse un ou une Baïnounk ne sera jamais riche. Ainsi, les Baïnounks se seraient réfugiés dans l’ethnie Joola. Ziguinchor, de par sa position géographique et son passé historique, se trouve à la confluence de plusieurs langues et cultures. Ce positionnement, en plus de lui conférer le statut de carrefour socioculturel et linguistique, en fait aussi l’une des régions les plus cosmopolites du Sénégal. Selon M. Dreyfus & C. Juillard (2004), la région de Ziguinchor est beaucoup plus multilingue que les autres régions du nord du pays. Elle est caractérisée par une diversité « ethnico-linguistique », un cosmopolitisme et une créolité qui sont les résultats de son processus historique. Toutefois, il convient de souligner que toutes les langues présentes dans cet espace urbain ne jouissent pas du même statut. Ainsi, le créole casamançais, de base lexicale portugaise, forme, selon M. Dreyfus & C. Juillard, un groupe linguistique à part. Quoi qu’il en soit, la configuration sociolinguistique de l’espace urbain révèle que le Ziguinchorois est plurilingue et qu’il parle au moins deux langues locales du pays.

Le but de cette contribution est de rendre compte de la diversité linguistique et culturelle de la ville de Ziguinchor, à partir d’une analyse sociolinguistique.

 

Mots clés : Ziguinchor, sociolinguistique, créolité, cosmopolitisme, paysage urbain.

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Bibliographies de l'auteur

Eugène Tavares, Université Assane Seck de Ziguinchor - Senegal

Docteur en Langues, littératures et civilisations des pays lusophones, enseignant chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Sénégal).Dr. ès Langue, littérature et Société; Diplôme d'études diplomatiques et stratégiques; Traducteur portugais/français; Certificat de troisième cycle en Études Supérieures de Commerce Extérieur; Enseignant chercheur à l'Université Assane Seck de Ziguinchor;
Thématiques de recherche : didactique des langues, Études et géopolitique du monde lusophone, analyse des conflit, littératures insulaires lusophones.

Saloum Ndiaye, Université Assane Seck de Ziguinchor - Senegal

Doctorant en didactique des langues à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Sénégal)

Références

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Publiée

21-05-2024

Comment citer

Tavares, E., & Ndiaye, S. (2024). Analyse du paysage sociolinguistique urbain de Ziguinchor: métissage, créolité et cosmopolitisme: Cambar lalinu làkk si askanu Sigicoor : jaxasoo ci wàllu xeet, kerewolite ak xeet yu bari te wute. NJINGA&SEPÉ: evista nternacional e ulturas, Línguas fricanas rasileiras, 4(1), 44–57. onsulté à l’adresse https://revistas.unilab.edu.br/index.php/njingaesape/article/view/1390